Oui je sais… dis comme ça…. c’est plutôt racoleur! Mais en fait, laisse moi réfléchir 2 secondes…. c’est un peu vrai!
Des indices qui auraient du m’alerter
Courant décembre je ne me sens pas très bien, toujours gonflée après les repas : oh c’est rien ma vieille, une bonne crise d’aérophagie, chouette!
J’ai quand même assez de douleurs pour prévenir mon médecin entre Noël et jour de l’an, à qui je précise que ma crise d’aérophagie douloureuse s’accessoirise d’un retard de règles depuis quelques jours. Bien qu’étant super à l’heure habituellement avec mon stérilet au cuivre qui me convient super bien, je mets ce symptôme vraiment au second plan. Non, le souci vient de mon ventre, enfin pas du côté gynéco. Et comme je réponds à mon doc : non pas possible pas enceinte, non je certifie que non je ne sens absolument rien de rien. Alors que pour Eliott je le savais avant de pisser sur le bâtonnet, là c’était le néant total. Refus total en fait…
Mon doc trouve une théorie au retard de règles, une histoire de rupture folliculaire sans importance….et du coup en attendant “vous gonflez comme pendant la ménopause quand le corps attend en vain les règles” Chouette, t’es choupi mais tu es entrain de me dire que je suis en pré-ménopause là? Bon, bien que mon doc m’ait assuré que j’étais encore fraiche, je repars un peu dépitée, avec une ordo pour dosage Béta HCG dans quelques jours et le sentiment d’ovaires flétris…
Je persiste et signe
J’ai mon ordonnance pour la prise de sang “si vos règles ne viennent pas dans quelques jours” mais non je ne suis pas pressée. Je l’ignore, la pose dans un coin. Non je ne suis pas enceinte, pas possible. J’invite mon ami pharmacien pour le jour de l’an, il me vient alors en tête les paroles de mon doc “pas de test pipi?”…… je ne lui demande rien. Non non je ne suis pas enceinte.
La fin du 31 décembre se passe mal, j’ai MAL. Petit souvenir de mes paroles à mon homme à 00h01 : non je n’aime toujours pas souhaiter bonne année ni qu’on me la souhaite, ça sert à rien y’a toujours des gens qui vont crever demain alors qu’on leur a souhaité de passer une belle année! (pessimisme quand tu nous tiens!)
Je me couche tôt…Lendemain pas terrible, mais bon ça va passer hein!
Le 02 janvier. L’heure de vérité
Je suis en plein travail, seule, quand vers 11h, une douleur jamais ressentie explose dans mon bas ventre côté gauche. Je m’affole intérieurement mais ne dis rien à mon boss quand il revient. Il vient d’apprendre une terrible nouvelle….. j’attends qu’il s’en aille et décide de partir un peu avant l’heure.
J’appelle mon homme qui heureusement gardait éliott à la maison : chéri je pars, j’ai mal comme jamais, si je n’arrive pas dans 20 min, vient à ma rencontre. Ambiance.
Le trajet est long, très long…. En arrivant je m’écroule, mon homme tente SOS médecin sous mes indications (la blague), ils ne répondent pas. Il appelle le SAMU qui finit par me dire qu’ils n’ont personne à m’envoyer je dois aller aux urgences (j’ai quand même précisé absence de règles et douleurs intenses…. bref). Le chéri me dit : allez je t’emmène! Je résiste disant que ça va être long là bas et puis je cède devant éliott qui dit : allez papa on fait comme tu as dis!
En vrai je suis terrifiée.
L’homme m’embarque tant bien que mal avec éliott qui suit gentiment avec du saucisson plein la bouche (oui c’est important dans l’histoire puisqu’il va tout vomir une fois dans le siège de la voiture….. histoire de pimenter le truc ahhaaa).
(A partir de là je reprends quelques textos échangés pour savoir ce qu’il s’est passé à quelle heure….)
12h15 Passé l’attente à moitié pliée sur moi même entrain de faire ruisseler tout mon mascara, on me prend en charge. Et j’ai l’impression qu’on prend ma douleur au sérieux. Même si je vais attendre….
13H17 Attendre qu’on me prenne du sang, qu’on me place de la morphine en perf à 14H38, piqure qui m’a fait tomber dans les pommes pour la première fois de l’aprem : 6 de tension madame! Je déteste tomber dans les pommes (oui je sais personne n’aime ça! mais c’est limite phobique chez moi).
On revient me voir à 15H45 pour me dire que les Béta HCG sont à 1000. Je suis enceinte. Et cette grossesse va me tuer si on ne se bouge pas! C’est une grossesse extra utérine. Faut la trouver maintenant! Je suis estomaquée et l’homme essaie de me détendre : “non mais toi et moi, même avec un mur au milieu on peut repeupler la planète” ahhaa! mon amour…..
A partir de là tout s’enchaine. On me monte faire une écho. Une jeune gynéco me demande si je peux me lever pour aller sur la table d’examen. Je dis “essayons”. La douleur est indescriptible. Je tombe dans les pommes une fois sur la table. 2eme fois de l’aprem. Mon homme gère de mieux en mieux le relevé de jambes pour me faire revenir…
La gynéco me dit qu’il y a beaucoup “d’eau” dans mon ventre….. hummmm….. Elle voit rien de rien….
Elle appelle sa chef. Elle, elle sait. Évidemment que ce n’est pas de l’eau. J’ai une hémorragie, c’est du sang, ma trompe gauche a éclatée.
On monte d’un cran dans l’accélération des évènements. Je vois les 2 gynécos passer des coups de fil pour réunir le personnel pour le tour au bloc que la chef vient de me promettre tout en finissant de me déshabiller, m’enlever ma chaine de cheville….
Moi je m’occupe de retirer ma bague, celle de notre pacs, de la naissance d’éliott et fais promettre à l’homme de me la repasser au doigt, quoiqu’il arrive.
Je ne sais plus quelle heure il est quand ils m’embarquent à toute vitesse. 17h je crois.
Je me rappelle juste de la vitesse du brancard, de tomber dans les pommes pour la 3eme fois (5 de tension madame!), d’arriver sous les spots du bloc, de dire à l’anesthésiste qu’il déconne pas, faut que je me réveille j’ai 3 enfants, il me répondra qu’il n’en est pas question autrement.
Je me souviens de l’apaisement que j’ai ressenti à ce moment là. Je n’ai pas le choix que les laisser me sauver la vie. Et au pire…. mes grands parents qui me manquent sont passés par là, mon père aussi, on ira tous de l’autre côté un jour…..alors “advienne que pourra”!
Et donc tu l’auras deviné, je me suis réveillée 🙂 Mon homme me dira qu’ils (ma famille, mes amis et lui) ont passé 4h à attendre, sans nouvelles…. Outch.
Aujourd’hui, presque 1 mois après j’ai assez bien récupéré physiquement, même si mon hémoglobine est assez basse, mais c’est normal que ça prenne du temps. Moralement…. ça va. C’est un choc tout de même je vous le cache pas. Et encore, quand je pense à celles qui doivent en plus gérer le deuil de cet enfant…
Pourquoi parler de cette expérience?
J’ai mis un peu de temps à poser ces mots. Mais quand je me suis aperçue que beaucoup de femmes ne serait ce que dans mon entourage sont passées par là et que je n’en savais rien…. Si j’avais su, est ce que j’y aurai pensé dans mon cas? La gravité de la grossesse extra utérine m’aurait fait bouger un peu plus vite? Il est certain que ne pas attendre l’hémorragie c’est quand même mieux!
Alors j’en parle. Et j’espère que beaucoup de femmes seront en alerte si elles ont des douleurs et une absence de règles.
Je sais que beaucoup s’inquiètent de leur stérilet au cuivre (puisqu’il permet toujours une ovulation pour laisser le corps faire), on m’a posé beaucoup de questions sur instagram quand j’ai parlé de ce qui m’était arrivé.
Alors OUI dans MON cas, le stérilet au cuivre a été le facteur de risque. Cela m’a été confirmé par un médecin échographiste spécialiste de la grossesse.
MAIS!! Je reste convaincue que parmi les méthodes de contraception que l’on nous propose, le stérilet au cuivre est le plus safe de tous (si on le supporte, mais ça c’est un autre sujet). C’est sûr que le choix n’est pas terrible et qu’on ne se préoccupe pas trop des effets secondaires de la contraception chez les femmes hein, les hormones au taquet, les implants et autres objets laissés dans le corps des femmes…. on doit faire un choix par dépit. Mais qui sait, peut être qu’un jour on proposera de généraliser la contraception aux hommes…..et vous pourrez être sûr que ça ne leur apportera aucun effet secondaire!